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Emmanuel Macron, ce qu’il faut retenir de son « grand entretien » sur TF1 et LCI

Emmanuel Macron, ce qu’il faut retenir de son « grand entretien » sur TF1 et LCI

Covid-19, Sécurité, Economie, Présidentielle… A 116 jours du premier tour de l’élection présidentielle de 2022, le président de la République, Emmanuel Macron, a accordé ce mercredi 15 décembre au soir, un « grand entretien à TF1 et LCI, pour faire le « bilan » de son quinquennat, qui arrive à échéance dans un peu plus de quatre mois.

Emmanuel Macron, Président de la République française

Covid-19, pourra-t-on passer noël sereinement ?

« Celui qui dicte le rythme c’est le virus », a immédiatement expliqué le chef de l’Etat.

Face à la cinquième vague de Covid-19, Emmanuel Macron a surtout mis en avant l’importance de la vaccination. « Tout sera mis en place pour que tout le monde puisse avoir sa dose de rappel avant Noël » a-t-il promis. Un rappel, dont Emmanuel Macron, a dit qu’il pourrait « vraisemblablement » pouvoir devenir « régulier, comme pour la grippe », pour faire face aux variants.

A propos d’une sortie de crise prochainement, ou de nouvelles restrictions à Noël, Emmanuel Macron a préféré ne pas faire une quelconque prédiction. Un nouveau conseil de défense sanitaire aura lieu ce vendredi après-midi, où de nouvelles mesures seront actées. L’exécutif présentera aussi des recommandations aux français à l’issue.

La question de la vaccination des enfants (5-11 ans) a aussi été évoquée, et selon Emmanuel Macron, elle est « souhaitable », précisant tout de même que « le choix final revenait aux parents ». Aucune obligation vaccinale pour les plus jeunes, mais pour le reste de la population, c’est « une hypothèse qui existe, quand on a déjà vacciné 90% de ceux qui y sont éligibles ». a-t-il déclaré.

Retour sur certaines polémiques du quinquennat

« Je pense que je suis arrivé avec une forme de vitalité, mais une volonté de bousculer », a expliqué Emmanuel Macron, lors de son grand entretien. Le président a en effet été confronté à certaines de ses prises de paroles, plutôt « polémiques », comme sur une phrase prononcée en 2018 face à un jeune chômeur : « il me suffit de traverser la rue pour vous trouver un travail ». Une phrase que le chef de l’État ne prononcerait « certainement plus » a-t-il dit. « Nous sommes dans une société de la décontextualisation ».

Emmanuel Macron a aussi reconnu « avoir blessé des gens » en cherchant à « bousculer les choses ». « Il y a des mots qui peuvent blesser et le respect fait partie de la vie politique. Oui, ça dit quelque chose de ce que j’ai été », a reconnu le président, comme lorsqu’il avait déclaré qu’il y a « les gens qui réussissent » et « ceux qui ne sont rien ».

Autre image, face au cliché sur lequel le chef de l’État pose avec un jeune de Saint-Martin qui fait un doigt d’honneur. « Il faut protéger la fonction, c’est aussi ce que j’ai appris. Par tempérament je ne me protège pas », a également regretté Emmanuel Macron,

Fin 2018, la crise des gilets jaunes

Interrogé sur la question des gilets jaunes, Emmanuel Macron évoque une « période très dure ». « J’ai été touché, marqué lorsque l’Arc de Triomphe a été souillé » admet le chef de l’État, qui se souvient « du désarroi des riverains et là j’ai eu beaucoup d’inquiétude pour le pays, et l’inquiétude de voir ceux qu’ils connaissaient et côtoyaient devenir violents ».

« Personne n’a vu arriver une telle crise […] Les gilets jaunes, c’est cette France qui se sent invisible. Beaucoup étaient des gens qui avaient un travail mais qui étaient mal payés. Ce sont des femmes et des hommes qui ont un travail à temps partiel, des gens qui ont dit ‘vous ne nous voyez pas et vous voulez faire un monde encore moins fait pour nous' » se souvient encore Emmanuel Macron. « Ce jour-là, j’ai eu beaucoup d’inquiétude pour notre pays », a-t-il expliqué.

La réforme des retraites, encore possible avant la présidentielle ?

Le chef de l’État a réitéré, lors de cet entretien, que la réforme des retraites était « indispensable » et qu’« elle aurait été menée à son terme si il n’y a avait pas eu la crise du Covid-19 ». Interrogé sur cette question, le président a lancé aux journalistes : « Est-ce que vous pensez que j’aurais dû, en pleine pandémie, relancer une réforme des retraites? »

« J’ai vu tous les représentants, les commerçants m’ont dit leur fatigue… Cette réforme, elle est indispensable » assure Emmanuel Macron, qui répète que « s’il n’y avait pas eu l’épidémie à l’hiver 2020, cette réforme, qui avait été votée en première lecture avec le 49-3, serait allée à son terme ». Mais alors, cette réforme verra-t-elle le jour ? « Nous avons besoin de conduire cette réforme, mais pas exactement la même que celle qui avait été envisagée. Il est clair qu’il faudra travailler plus longtemps […] Il faut simplifier nos règles, en allant vers une sortie des régimes spéciaux. Il faut aller vers un système simplifié, pas forcément avec un seul régime, ce qui serait trop anxiogène » précise-t-il.

Affaire Nicolas Hulot : Un regret de l’avoir nommé ministre ?

Le président de la République a défendu son action de lutte contre les violences faites aux femmes, un sujet que l’exécutif « a pris à bras le corps », a-t-il assuré. « La parole s’est libérée, elle doit continuer de se libérer », a clamé Emmanuel Macron, avant de lister toutes les mesures prises sur le sujet durant les dernières années : « On a formé des policiers et des gendarmes, On a mis en place des systèmes d’alerte dans les pharmacies, dans certains supermarchés, pour que les femmes qui ont peur puissent envoyer des signaux. On a mis en place des bracelets, des téléphones grave danger. Il y a tout un système qui doit continuer de se mettre en place. »

Interrogé par la suite sur les accusations de viols et d’agressions sexuelles visant Nicolas Hulot, Emmanuel Macron a assuré « ne pas regretter » sa nomination au sein du gouvernement. « On ne peut pas regretter quand on ne sait pas tout », précise-t-il. Son ancien ministre avait nié les faits lors des premières révélations en 2018.

“Il est resté ministre, parce que quel était l’autre choix que nous avions”, a déclaré le chef d’État, expliquant que le manque de procédure judiciaire à cette période ne permettait pas de s’en séparer. « On doit faire attention. Si sur la base d’une accusation vous dites que c’est fini, alors il n’y a plus de vie en société possible ».

Samuel Paty, un souvenir douloureux pour Emmanuel Macron

Emmanuel Macron a été interrogé sur la mort de Samuel Paty, ce professeur d’histoire géographie décapité après un cours sur la liberté d’expression fait par ses soins en octobre 2020. « La mort de Samuel Paty a été un moment de sidération. La mort d’un enseignant parce qu’il enseigne est intolérable dans une société comme la nôtre ».

« La forme qu’a prise cette attaque terroriste a été une sidération terrible, un moment terriblement douloureux » précise le chef de l’Etat. « La lutte contre cet islamisme radical est un combat qui doit être mené avec détermination mais sans haine. Il faut convertir les esprits, c’est un combat culturel et civilisationnel. Il faut être intraitable à l’égard de ces gens qui utilisent ces messages de mort et veulent saper la république en son sein. Il faut convaincre tous les jeunes que leur avenir c’est la France et la République. Il y a des millions de Français qui sont des citoyens tranquilles, qui respectent les lois de la République et qui croient en l’islam. Il faut les respecter. C’est ça la laïcité. »

Macron, candidat à sa propre succession ?

La question a été de nouveau posée, mais la réponse n’a toujours pas été donné. Le président actuellement en fonction sera-t-il candidat à l’élection présidentielle de 2022, c’est à dire à sa réélection, sa propre succession.

« J’agirai jusqu’au dernier quart d’heure », a-t-il réitéré. « Je n’ai jamais pensé qu’on pouvait transformer un pays en 5 ans. Je continue à me projeter, précise-t-il, reconnaissant tout de même une ambition pour le futur : “si j’étais un candidat comme les autres, je ne pourrais pas prendre les décisions que je dois prendre” a-t-il déclaré.

« Si vous me demandez si j’ai de l’ambition pour le pays après le mois d’avril ? D’évidence. Je ne suis pas aujourd’hui dans la situation de répondre à cette question, à la fois compte tenu du pays, et compte tenu de moi-même. »

Le président de la République n’en dira pas plus ce soir sur cette question.