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[Européennes] Plus de policiers, répartition des richesses, réindustrialisation de l’Europe : le programme des communistes présenté par Assan Lakehoul

[Européennes] Plus de policiers, répartition des richesses, réindustrialisation de l’Europe : le programme des communistes présenté par Assan Lakehoul

[Européennes] Plus de policiers, répartition des richesses, réindustrialisation de l’Europe : le programme des communistes présenté par Assan Lakehoul

Quelles visions portent les communistes sur les enjeux internationaux et les questions liées à la jeunesse ? Quelles propositions sur l’écologie, l’immigration, et le chômage ?

Assan Lakehoul, âgé de 26 ans, est toulousain, élu il y a un an comme secrétaire général du Mouvement des Jeunes Communistes de France. Il a travaillé comme assistant social, se spécialisant dans l’accompagnement des jeunes. Il représente la liste du Parti communiste français menée par Léon Deffontaines, la plus jeune tête de liste pour ces élections européennes (à 28 ans). Lors des dernières européennes, ce même parti a obtenu 2,49 % des voix, se plaçant à la dixième place.

La Nouvelle-Calédonie indépendante ?

Focus : Les récentes émeutes en Nouvelle-Calédonie ont mis en lumière des tensions profondes. Quelle est la position de votre parti sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie ?

Assan Lakehoul : « Nous, ce qu’on dit, c’est qu’il faut trouver rapidement une solution politique, et cela passe par une mission sur place, dont la composition doit être acceptée par les Kanaks. »

Mettre Zelensky et Poutine « autour d’une table »

Focus : En plein milieu de l’offensive de Kharkiv, pensez-vous que l’Union européenne devrait intensifier ou réduire son soutien à l’Ukraine ?

Assan Lakehoul : « Nous pensons que l’Ukraine doit se défendre, et l’attaque de Vladimir Poutine est insoutenable. Par contre, rajouter de la guerre à la guerre, ce n’est pas rendre service au peuple ukrainien. Il faut imposer que Poutine et Zelensky se réunissent autour d’une table pour négocier. C’est la seule solution pour arriver à la paix.

Et après, qu’allons-nous faire ? Envoyer une partie de la jeunesse française au front pour mourir ? Surtout pas ça. 

Assan Lakehoul

La Nupes enterrée et « sans Mélenchon et Glucksmann »

Focus : Vous qui parlez de « gauche unie », pourquoi avoir refusé la coalition de la Nupes pour ces européennes ?

Assan Lakehoul : « La Nupes, ce n’est pas un mariage à vie avec Jean-Luc Mélenchon. C’était un accord législatif, qui n’a pas permis à la gauche de gagner. Le vrai sujet, c’est comment reconstruire une gauche authentique, populaire et en rupture avec le capitalisme. Je ne crois pas au retour de la Nupes en 2027. Elle a déjà donné les pleins pouvoirs à la France Insoumise. Cette gauche de la défaite, j’en ai marre.

La gauche, ce n’est ni les positions volontairement outrancières de Mélenchon, ni celles de Glucksmann, libéral que nous avons déjà connu sous Hollande, qui a été un échec.

Assan Lakehoul

Parcoursup : la « faute à l’Europe »

Focus : Pourquoi la jeunesse devrait-elle voter pour les communistes et que prévoyez-vous pour elle ?

Assan Lakehoul : « On doit rompre avec cette Union européenne qui met les travailleurs en concurrence. Si aujourd’hui, on a des choses comme Parcoursup, c’est à cause de l’UE. Il faut donc renverser les règles budgétaires et la religion austéritaire dictées par Bruxelles. Léon Deffontaines est la liste de la gauche unie pour le monde du travail. Nous sommes le seul parti à avoir dénoncé tous les traités libéraux européens, qui concernent les jeunes. »

Comment viser la neutralité carbone ?

Focus : Le changement climatique est indéniable. Les scientifiques sont clairs : il faut réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre. Votre tête de liste propose de développer les infrastructures ferroviaires et fluviales pour réduire l’usage des camions. Pensez-vous que cela suffira pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 ?

Assan Lakehoul : « Tout à fait, et il faut surtout agir. Il faut des grands travaux utiles ; rénover toutes les passoires thermiques, supprimer la circulation des voitures thermiques. Nous voulons que toutes les marchandises puissent circuler en train. »

Il faut des travaux pour rénover notre parc nucléaire pour produire de l’énergie propre.

Assan Lakehoul

Focus : Les écologistes estiment que le nucléaire est une énergie « dangereuse ». Pensez-vous que cette énergie permettrait d’éliminer les énergies fossiles ?

Assan Lakehoul : « Nous sommes pour un mix énergétique, avec du nucléaire et du renouvelable. Il n’y a aucune énergie sans danger. Par contre, nous estimons que les normes concernant le nucléaire sont suffisantes et nous permettent d’éviter un nouveau Fukushima. Notre priorité : faire de l’énergie bas-carbone, ce que le nucléaire nous offre. C’est un atout français, ça serait une erreur de se priver du nucléaire. »

S’attaquer aux « trafics » et « plus de fonctionnaires de police »

Focus : Quelles priorités établiriez-vous en matière de sécurité si vous étiez élu ?

Assan Lakehoul : « Nous voulons plus de fonctionnaires de police dans chaque État de l’UE. Par contre, nous ne voulons pas d’armée européenne, les États doivent garder leur souveraineté. Il faut aussi retrouver une police de proximité. Il y a des initiatives européennes à prendre pour aller trouver les trafiquants de drogues à la source. »

Nous voulons lutter contre la fraude fiscale, parce que l’argent des trafics est dans les paradis fiscaux. 

Assan Lakehoul

Focus : L’extrême droite soutient que l’insécurité est omniprésente dans nos sociétés. Mais vivons-nous réellement une période dominée par l’insécurité ?

Assan Lakehoul : « Je ne pense pas. Il y a de moins en moins de tolérance face aux faits de violence, donc on a tendance à aller plus porter plainte et tant mieux, mais ça a tendance à augmenter les chiffres. »

Chaque phénomène de violence et d’insécurité est de trop. La violence est un phénomène de société, il faut y apporter des réponses. 

Assan Lakehoul

Réindustrialiser l’Europe pour créer de l’emploi

Focus : Comment traiteriez-vous le problème de la pauvreté et du chômage, sachant qu’en 2022, selon les données d’Eurostat, 72 millions de personnes dans l’Union européenne vivaient sous le seuil de pauvreté monétaire ?

Assan Lakehoul : « Un des enjeux est de refaire société et de redonner la parole aux jeunes. Il faut investir dans les services publics, comme la justice. Nous sommes convaincus qu’un retour du religieux, notamment les intégrismes, est dangereux et divise. Nous voulons proposer une loi pour réguler les comptes sur les réseaux sociaux diffusant ce type de discours. Il faut créer de l’emploi en réindustrialisant l’Europe. Augmenter les salaires. Il faut que ce que l’on a besoin ici soit produit ici. Des secteurs clés sont également à cibler. En priorité les services publics, investir pour les hôpitaux, les écoles, la justice, la population en a besoin et on doit créer des emplois dans ces secteurs. Planifier les besoins. »

Il faut que le CDI redevienne la norme. Le bizutage chez les jeunes, ce sont les emplois en CDD ou en intérim. 

Assan Lakehoul

« On est loin du grand remplacement »

Focus : En 2022, selon l’OCDE, environ 7 millions de personnes ont immigré vers l’Union européenne. Selon vous, ce nombre important d’arrivées est-il excessif ?

Assan Lakehoul : « C’est un chiffre dérisoire. L’an dernier, la France a accordé 318 000 premiers titres de séjour et l’on est 68 millions. Ça fait 0,46 % de la population : je crois que ça va aller. Une partie de la droite agite un faux problème. Si aujourd’hui, on n’a pas d’emploi, si nos salaires sont bas, ce n’est pas à cause de l’immigré : c’est à cause du patron et du banquier. C’est aussi à cause des politiques libérales dictées par Bruxelles. Parmi ces titres de séjour, il y a aussi des étudiants, ce qui est une fierté pour notre pays. Qui va défendre ceux qui refusent d’accueillir des Afghans fuyant leur pays ? Si problème il y a avec l’immigration, c’est celui de l’accueil, surtout en voyant ceux qui sont à la rue. Il faut accueillir dignement et inclure par le travail en levant les barrières à l’accès à l’emploi. »

Focus : Léon Deffontaines, votre tête de liste, a déclaré que « l’ensemble des pays de l’Union européenne doivent prendre leur part » en matière d’immigration. Pouvez-vous préciser comment votre parti compte mettre en pratique cette répartition des responsabilités au sein de l’UE ?

Assan Lakehoul : « Nous en France, nous ne prenons pas notre part. Lors des dernières crises migratoires, deux millions de personnes sont rentrées dans l’UE. Sur ces personnes, seulement 100 000 ont demandé l’asile en France, donc nous sommes bien loin de prendre notre part. Il ne s’agit pas d’imposer des quotas. »

Ce n’est pas vrai que toute la misère du monde veuille venir chez nous.

Assan Lakehoul

Ne pas rembourser la dette ?

Focus : Quelle stratégie proposeriez-vous pour gérer la dette publique de l’Union européenne, qui atteignait 13 milliards d’euros en 2022 selon les données d’Eurostat, représentant 83 % du PIB, tout en préservant la croissance économique ?

Assan Lakehoul : « Ce n’est pas grave de s’endetter. Il faut rétablir l’ISF, le tripler. On pense surtout au capital des grandes entreprises européennes, il faut aller le chercher. Parce que tout cet argent a été créé par le travail. Je ne peux pas croire qu’un grand patron, à lui seul, puisse engendrer des milliards. Pour financer plus de projets, on doit mieux répartir les richesses. Il faudra aussi s’endetter. Nous défendons que la banque européenne prête à taux zéro. Elle doit prêter directement aux États, sans passer par le monde de la finance. »