Ce fut un choc pour les Anglais. Ce 8 Septembre, la Reine du Royaume-Uni Elisabeth II s’est éteinte, à l’âge de 96 ans, après plus de 70 ans de règne. Mais qui était-elle vraiment ? Revenons sur la vie de la monarque.

Une histoire de famille

La future reine Élisabeth Alexandra Mary naît le 21 avril 1926 à Londres, dans la nuit. À l’aube, les cloches de Saint-Paul ont sonné à toute volée, et des salves d’honneur furent tirées à Hyde Park et à la Tour de Londres. Après son oncle et son père, elle est troisième dans l’ordre de succession au trône. Héritière présomptive de la Couronne Britannique à 10 ans seulement, elle deviendra reine à l’âge de 25 ans, le 2 juin 1953, lorsque son père George VI meurt d’un cancer du poumon le 6 févier 1952. La princesse Élisabeth est alors au Kenya quand elle apprend la nouvelle… et devient reine. Le couronnement a lieu le 2 juin 1953, seize mois après la mort de George VI, avec trois millions de personnes dans les rues de Londres. Il s’agit du premier couronnement à être retransmis à la télévision en Eurovision. Auparavant, en 1947, elle avait épousé l’ex-prince de Grèce et du Danemark, Philippe Mountbatten, (qui a alors troqué ses titres pour obtenir la citoyenneté britannique), rencontré en 1939 juste avant la guerre. « Qu’elle soit longue ou courte », Elisabeth avait déclaré solennellement à sa majorité en 1947, qu’elle consacrerait sa vie à servir ses peuples, en s’appuyant fermement sur l’homme qu’elle a épousé – son « roc », comme elle l’appelait. 4 enfants « royaux » naîtront de cette union : Charles, en 1948, Anne, en 1950, Andrew, en 1960 et Edward en 1964.

Des évènements tragiques

La vie de la Reine fut rythmée par de nombreux évènements tragiques : la liste commence en 1979, avec l’assassinat de l’oncle du Prince Philip Lord Mountbatten. En 1992, trois de ses quatre enfants divorcent, alors qu’elle bannissait autrefois les divorcés de son entourage. Une année que la Reine qualifiera d' »Annus Horribilis« . De nombreux décès ponctuent sa vie : celle de sa belle-fille Diana Spencer en 1997, ceux de sa sœur et de sa mère en 2002, sans oublier celui de son mari le Prince Philip en 2021, après 73 ans de mariage.

A la Une des journaux…

La Reine Elisabeth II, considérée au début de son règne comme la « reine de conte de fées », et la famille royale, feront pourtant plusieurs fois la Une des journaux. Entre la fameuse histoire de Lady Di, la soeur cadette de la Reine Margaret photographiée avec son amant sur l’île Moustique, le prince Harry déguisé en nazi, une croix gammée sur le bras, lors d’une fête, ou encore le prince Andrew accusé d’agressions sexuelles, sa vie fut secouée.
Dernière histoire en date, en 2020. Début janvier, le prince Harry et son épouse Meghan Markle ont en effet annoncé par voie de communiqué leur retrait de la famille royale britannique afin de devenir indépendants financièrement. Du jamais vu dans l’histoire moderne de la Famille Royale ! Ils vivront donc entre le Royaume-Uni et l’Amérique du Nord. Meghan Markle reconnut plus tard n’avoir pas du tout mesuré la rigidité de la Monarchie. En Mars 2021, lors d’une interview avec la journaliste Oprah Winfrey, le couple royal accusa la famille royale de racisme, avec des inquiétudes qui avaient été faites sur la couleur de peau du bébé Archie issu de leur union, avant sa naissance (en 2019). Harry précisa qu’il ne s’agissait pas d’Elisabeth II ni du Prince Philip.

Bien que les gros titres de la presse aient plusieurs fois remis en question la crédibilité de la monarchie, ses membres n’oublient pas la devise des Windsor, « Never explain, never complain« , (ne jamais s’expliquer, ne jamais se plaindre).

London Bridge is Down…

8 Septembre 2022. Les médecins de la Reine signalent, dans l’après-midi, que sa santé s’est détériorée, et décident de la placer sous surveillance médicale. Ses enfants décident de la rejoindre rapidement dans son château de Balmoral, en Écosse. Le Royaume-Uni (et le monde entier ?) retient son souffle. Les présentateurs de la BBC sont d’ores et déjà habillés en noir, laissant présager le pire… et à 19h30, la nouvelle tombe.

« La Reine est décédée paisiblement à Balmoral, cet après-midi ».

Déclaration de Buckingham Palace

Le 6 septembre, Elizabeth II avait reçu Liz Truss, nouvelle Première Ministre, au château de Balmoral. Paraissant assez fragile, nombreux ont remarqué que la monarque s’appuyait sur sa canne, et que son autre main était noire et très veinée. Un signe avant-coureur ?

A son décès, l’Opération « London Bridge Is Down » se met alors en place. Ce plan prévoit le déroulement des journées suivant le décès de la reine Elizabeth II, préparé dans les années… 60. Tout y est décrit : les cloches qui sonneront (dont celles de Big Ben), avec un marteau recouvert de cuir pour l’occasion, afin d’assourdir le son, impression des billets pour les invités présents aux obsèques…

Son premier fils devient automatiquement roi. Ne l’appelez plus Charles, voici Charles III.

Les funérailles de la Reine auront lieu le 19 Septembre. De nombreux Chefs d’État seront présents pour commémorer la vie de la monarque. Elizabeth II sera inhumée dans la chapelle du roi George VI, au château de Windsor.

Des changements majeurs

La Reine est morte, vive le Roi. Après plus de 70 ans de règne (soit plus que son arrière-arrière-grand-mère, la reine Victoria (63 ans), les Britanniques accueillent désormais un nouveau Roi. Celui-ci s’est dit prêt à assumer ses « devoirs et lourdes responsabilités » le samedi 10 septembre lors de la proclamation officielle au palais Saint James. À 73 ans, son règne s’annonce plus court que celui de sa mère…

Une période de changements pour les Anglais : le traditionnel visage de la Reine sur les billets de banque, qui a toujours été présent pour certains, sera bientôt remplacé par celui du nouveau Roi. Modification plus importante, celle de l’hymne national. Eh oui ! Bientôt, les Anglais devront chanter « God Save the King » et non plus « God Save the Queen », qu’ils entonnaient depuis 1952.

La Reine s’en est donc allée après plus de 70 ans sur le trône. Elle aura vu défiler 15 Premiers Ministres (dont 3 femmes, avec la fraîchement élue Liz Truss, qui n’aura pas été en fonctions très longtemps sous son règne…) ou encore 10 Présidents français, de Vincent Auriol à Emmanuel Macron, sous trois Républiques.

Un décès qui restera dans les mémoires et s’inscrira dans les livres d’Histoire. Un bouleversement pour le pays, que certains auront peut-être eu du mal à croire…