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Législatives 2022, 1er tour : La « Macronie » mise sous pression par une Gauche ressuscitée

Législatives 2022, 1er tour : La « Macronie » mise sous pression par une Gauche ressuscitée

Au terme du premier tour des élections législatives, la gauche rassemblée derrière Jean-Luc Mélenchon (25,66%) arrive au coude à coude avec la majorité présidentielle (25,75%) au niveau national, sur fond d’abstention record, selon les résultats définitifs du ministère de l’intérieur. Pour le président de la République, il s’agit d’un véritable revers. Pour la première fois dans l’histoire de la Ve République, le parti du président n’arriverait pas clairement en tête en termes de voix au soir du premier tour des élections législatives.

En plus de la très importante abstention, le chef de l’Etat ne bénéficie pas de l’élan de sa réélection il y a six semaines pour s’assurer d’une confortable majorité à l’Assemblée nationale. Dès lors, tout son quinquennat va vivre cette semaine sous la menace des troupes de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale malgré une très légère avance d’Ensemble au premier tour.

Une stratégie qui ne paie pas pour Emmanuel Macron

Après sa réélection à la présidence de la République, le 24 avril dernier, Emmanuel Macron a tenté de temporiser afin d’éviter le déploiement d’une campagne inhabituellement longue et de donner prise à ses adversaires. Le chef de l’État aura donc mis 7 semaines contre 4 d’ordinaire pour nommer sa première ministre puis son gouvernement. Il n’était, à l’époque, pas question de prendre le risque qu’un ministre fraîchement nommé provoque une polémique préjudiciable pour son camp.

Mais c’est dans un autre piège qu’est tombé Emmanuel Macron. Celui tendu par Jean-Luc Mélenchon, qui, en appelant ses électeurs à l’envoyer à Matignon au lendemain de la présidentielle, a réussi à rassembler la gauche derrière lui, un scénario encore impensable il y a un an. Il parvient également à se poser en opposant principal au chef de l’État à l’Assemblée.

Carte des résultats du premier tour des Législatives pour toutes les circonscriptions

La vérité est que le parti présidentiel est battu et défait.

Le leader de la Nupes, Jean-Luc Mélenchon, pour qui sa coalition « sera présente dans plus de 500 circonscriptions au deuxième tour ».

Jean-Luc Mélenchon encore loin de Matignon

Toutefois, l’arrivée de Jean-Luc Mélenchon à Matignon serait assez improbable. Effectivement, avec une fourchette de 160 à 210 députés, les projections donnent la gauche encore loin de la majorité absolue (289 sièges). Ayant réalisé l’union dès le premier tour, les partis de gauche réunis dans la Nupes ne peuvent pas compter sur des réserves de voix pour le second tour.

Ils en ont, cependant, suffisamment pour espérer imposer une majorité relative à Emmanuel Macron, qui aurait entre 260 et 295 députés. En conséquence, Jean-Luc Mélenchon a lancé un vigoureux appel aux Français à « déferler dimanche prochain, pour rejeter définitivement les projets funestes de la majorité de Monsieur Macron ». Si la poussée de la gauche débouchait sur une majorité relative pour le chef de l’État, cela le pousserait à se tourner vers la droite pour pouvoir appliquer son programme.

Projection des sièges à l’Assemblée nationale, avec les résultats du premier tour des législatives par l’institut Elabe-SFR-Express

La droite encore influente dans l’arène politique

Avec 10,42% des voix, Les Républicains peuvent espérer entre 50 et 65 députés et donc devenir incontournables pour le chef de l’État dans la nouvelle Assemblée nationale. C’est assez paradoxal, puisque LR est en passe de perdre sa place de premier groupe d’opposition dans l’Hémicycle, dans le sillage de la lourde chute de sa candidate Valérie Pécresse à la présidentielle. Les Républicains vont ainsi compter leurs survivants parmi la centaine de sortants, en espérant tirer au maximum profit de leur ancrage local au second tour.

Quant à Marine Le Pen, en dépit d’un score de 18,68%, elle n’obtiendrait qu’entre 25 et 35 députés. Ce qui lui permettrait, tout de même, de pouvoir constituer un groupe à l’Assemblée nationale malgré sa deuxième seconde place consécutive à l’élection présidentielle. Pour la première fois depuis 36 ans, le parti va donc disposer d’un groupe parlementaire, qui permet de disposer d’un temps de parole et de moyens supplémentaires à l’Assemblée. Dans les pourcentages, le Rassemblement National est historiquement défavorisé aux Législatives, à cause de la démobilisation d’une partie de son électorat, et de candidats locaux peu connus et peu formés. Pour ce premier tour, le parti s’impose plus notablement qu’en 2017, où l’ex FN avait recueilli seulement 13,20% des voix.

Soirée catastrophique à l’inverse pour Éric Zemmour. Son parti, fondé il y a tout juste 6 mois se révèle infécond dans les urnes. Les candidats étiquetés Reconquête sont éliminés partout.

Les autres listes sont en dessous des 10 %.

Objectif : Second tour

Réélu sans campagne et reconduit sans élan dans un pays aux nerfs à vif, Emmanuel Macron a vu l’inattendu se produire sur sa gauche. Sans majorité absolue à l’Assemblée nationale, le président de la République devra apprendre à composer. C’est tout l’enjeu de l’entre-deux-tours des législatives que de convaincre les Français de lui laisser les mains libres cinq ans de plus. « Nous sommes la seule force politique en mesure d’obtenir la majorité à l’Assemblée nationale », a résumé la première ministre, Élisabeth Borne, hier soir.

Ce premier tour des élections législatives marque la fin d’une campagne atone, et le crépuscule d’une semaine sous haute tension. La clé du second tour résidera une nouvelle fois dans la participation, historiquement basse ce dimanche pour un premier tour d’élections législatives et touchant jeunes et classes populaires en priorité.