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Ce qu’il faut retenir du débat de l’entre-deux tours entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen

Ce qu’il faut retenir du débat de l’entre-deux tours entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen

Ce mercredi 20 avril, le candidat LREM, Emmanuel Macron, et la candidate RN, Marine Le Pen, tout deux finalistes de l’élection présidentielle, ont confrontés leur vision de la France pendant près de 3 heures, à l’occasion du grand débat de l’entre-deux tours.


Introduction

Question d’introduction posée aux deux candidats finalistes de l’élection présidentielle : « En quoi feriez-vous un(e) meilleur(e) président(e) que votre adversaire ? »

Je serai la présidente du régalien, de la renaissance démocratique, du quotidien, de la concorde restaurée entre tous les Français, de la justice, de la fraternité nationale, de la paix civile.

Marine Le Pen

Notre France sera plus forte si elle sait se saisir de la question écologique. Je souhaite rendre l’Europe plus forte.

Emmanuel Macron

Le pouvoir d’achat, « priorité du quinquennat » de Marine Le Pen

Face à Emmanuel Macron, Marine Le Pen s’est faite la « porte-parole des français » sur le sujet du pouvoir d’achat. Elle dit n’avoir « vu que des Français qui n’arrivent plus à boucler leurs fins de mois. »

Vous avez fait le choix de mettre la taxe carbone, de baisser des aides essentielles pour nos compatriotes, notamment l’aide au logement.

Marine Le Pen

La candidate dit aussi vouloir « faire du pouvoir d’achat la priorité » de son mandat si les Français lui font confiance. »

De son côté, Emmanuel Macron accuse son adversaire d’avoir, en tant que députée, voté contre le bouclier tarifaire sur le gaz et l’électricité, une mesure qu’il juge efficace pour le pouvoir d’achat des Français.

Il a critiqué le fait que le mot « chômage » ne soit pas dans le programme de M. Le Pen, estimant que lutter contre le chômage est le meilleur moyen d’améliorer le pouvoir d’achat.

Enfin, il est revenu sur d’autres propositions dans son programme, comme l’augmentation de la prime pouvoir d’achat, surnommée « prime Macron », à 6000 euros, la revalorisation de minimas sociaux ou encore la hausse de la retraite minimum à 1100 euros.

Marine Le Pen n’a pas manqué de rappeler à Emmanuel Macron la crise des gilets jaunes.

Vous vous souvenez que c’est parce que vous avez augmenté les taxes sur le carburant que ça a causé des problèmes sur le pouvoir d’achat, et enclenché la crise des Gilets jaunes.

Marine Le Pen

L’international, dans ce contexte de guerre en Ukraine

Évoquant le conflit en Ukraine, Emmanuel Macron a assuré qu’il souhaitait que « cette guerre ne s’étende pas ». Pour y parvenir, il veut « une Europe forte, qui soit une puissance d’équilibre, capable de ramener la Russie à la raison ».

De son côté, Marine Le Pen, qui a exprimé sa « solidarité » et sa « compassion absolue » au peuple ukrainien, a salué les « efforts » d’Emmanuel Macron.

J’avoue que les efforts que vous avez développé pour trouver les moyens, les voies pour la paix méritent d’être soutenus.

Marine Le Pen

Elle dit cependant avoir vu des « limites » au plan des Occidentaux, estimant que les sanctions risquent « de faire en sorte que la Chine et la Russie ne deviennent des alliés ».

De son côté, Emmanuel Macron n’a pas manqué d’attaquer son adversaire, lui reprochant de « dépendre du pouvoir russe » en raison de son prêt contracté auprès d’une banque russe pour l’élection présidentielle de 2017.

Vous dépendez du pouvoir russe et vous dépendez de monsieur Poutine.

Emmanuel Macron

La candidate RN s’en défend.

C’est parce qu’aucune banque française n’a voulu m’accorder de prêt. Les banques donnaient l’impression de choisir leurs candidats.

Marine Le Pen

Emmanuel Macron l’a également accusé de ne pas rembourser ce prêt. Des propos que contestent formellement Marine Le Pen.

Je ne peux pas vous laisser dire qu’on ne le rembourse pas, nous le remboursons tous les mois, rubis sur ongle. C’est un processus assez long. Nous sommes un parti pauvre, mais ce n’est pas déshonorant.

Marine Le Pen

Les retraites, avis totalement opposé entre les candidats

La question de l’âge de départ à la retraite divise les deux candidats à l’élection présidentielle.

• Si Marine Le Pen est élue présidente, les Français ayant commencé à travailler avant 20 ans pourront partir à la retraite à 60 ans avec 40 annuités. Puis, cela sera décalé progressivement, mais n’excédera pas un maximum de 62 ans et 42 annuités.

• Si Emmanuel Macron est à nouveau élu président, les français pourront partir à la retraite à 65 ans. Une décision qui a de quoi agacer notamment les sympathisants de l’opposition. Le candidat estime qu’un départ à 64 ans n’est pas impossible.

Marine Le Pen accuse Emmanuel Macron d’avoir aggravé considérablement le déficit de la France.

Vous êtes le président qui a créé 600 milliards de dette supplémentaire dont les deux tiers n’ont rien à voir avec le Covid.

Marine Le Pen

Emmanuel Macron répond à Marine Le Pen en lui reprochant de « tout confondre » sur ce sujet. Il assure que 200 milliards seulement concernent l’État.

L’hôpital et la gestion de la crise COVID

Sur le sujet de l’hôpital, Marine Le Pen a estimé qu’il fallait investir 20 milliards sur 5 ans pour améliorer le système de santé. Elle a reproché à Emmanuel Macron de ne pas avoir agi rapidement.

Il n’y a que les crises qui vous font bouger. Il a fallu la crise sanitaire pour s’apercevoir que les soignants sont dans une souffrance absolument inouïe.

Marine Le Pen

Les deux candidats se sont affrontés sur la question de la pandémie, et notamment sur la gestion du gouvernement de cette question. « Je n’aurais pas la cruauté de revenir avec vous sur la crise du Covid » a dit Emmanuel Macron.

L’écologie, l’inquiétude de l’avenir

Emmanuel Macron a dénoncé un manque de « cohérence » dans le programme de Marine Le Pen. Alors que celle-ci souhaite changer le système économique pour limiter les importations et les émissions de gaz à effet de serre, il assure qu’elle se contredit.

Marine Le Pen critique les « changements de pied » d’Emmanuel Macron sur la question de l’énergie nucléaire : « Vous avez complètement changé d’avis. Vous n’aviez pas de vision sur ce domaine. »

Ella a notamment critiqué la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, actée en 2020 lors du mandat d’Emmanuel Macron. Ce dernier s’en défend « Vous avez complètement changé d’avis. Et « assume totalement la fermeture de Fessenheim », car « il n’y avait plus un investissement depuis 2012 ».

Les nouvelles technologies et l’économie numérique

Emmanuel Macron a défendu un marché unique du numérique en Europe, seule solution selon ses dires pour tenir tête aux marchés américain et chinois. « Qui n’aime pas l’Europe ne peut pas développer les champions du numérique. »

Marine Le Pen a critiqué le fait que l’Europe n’ait pas investi suffisamment dans les nouvelles technologies et soit loin derrière les États-Unis ou la Chine sur cette question.

L’éducation et la jeunesse

Sujet rapidement interrompu par les journalistes qui ont animés le débat, malgré son importance.

Marine Le Pen a jugé que « la jeunesse française a tellement souffert dans les deux dernières années et demi » du quinquennat d’Emmanuel Macron.

Elle a également évoqué la précarité et « les problèmes psychologiques dont ont souffert les jeunes lors de la pandémie. »

Emmanuel Macron a défendu ce mercredi soir la gestion de la pandémie de Covid-19 en France et notamment du système scolaire au cours de cette période. « Quand je vois les résultats, on a évité des drames. Je suis attaché à cette école ouverte, française, de la République »

La sécurité

La candidate du Rassemblement National continue de se faire la porte-parole des français.

Avec le pouvoir d’achat, la sécurité est une demande légitime des Français. La situation du pays est vraiment très mauvaise. J’essaie de ne pas utiliser des adjectifs trop catastrophistes et pourtant on pourrait.

Marine Le Pen

Il faut être plus dur sur les peines, il faut arrêter les aménagements de peine. C’est considéré par les délinquants comme impunité totale. C’est comme si on ne faisait rien. Je crois qu’il faut revenir à la certitude de la peine. Je crois qu’il vaut mieux prononcer une peine de cinq jours qu’on effectue, qu’une peine d’un an qu’on aménage.

Marine Le Pen

Emmanuel Macron commence son intervention sur la sécurité en rendant hommage à Xavier Jugelé, le policier tué sur les Champs-Elysées il y a cinq ans, pendant un débat pré-premier tour. Il promet un doublement de la présence policière sur la voie publique à l’horizon 2030, et veut aussi généraliser le port des caméras-piétons par les forces de l’ordre et entend créer un « délit spécifique de violences volontaires commises à l’encontre de tout agent dépositaire de l’autorité publique ».

Sur le voile, Marine Le Pen défend son projet de loi contre « l’idéologie islamiste » qu’elle ferait voter si elle était élue. Celui-ci comprendrait l’interdiction du voile dans l’espace public, que la candidate RN veut verbaliser d’une amende.

Emmanuel Macron s’oppose à cette proposition. « Je suis pour la loi de 1905 », avance le candidat, qui ne veut pas interdire les signes religieux dans l’espace public, prenant l’exemple de Latifa Ibn Ziaten qui a perdu un fils sous les balles de Mohammed Merah en 2012. « Vous allez lui arracher son foulard ? »

Référendum, septennat… Les institutions !

Emmanuel Macron n’a pas fait de référendum pendant son premier mandat.

C’était difficile alors même qu’on se demandait si on allait maintenir les élections locales, mais cela doit pouvoir être une option. J’ai échoué à faire la réforme démocratique, je n’ai pas pu obtenir d’accord. C’était difficile alors même qu’on se demandait si on allait maintenir les élections locales, mais cela doit pouvoir être une option.

Emmanuel Macron

De son côté, Marine Le Pen souhaite « une renaissance démocratique, avec une Assemblée qui ait plus de pouvoir, et la mise en oeuvre du référendum d’initiative populaire, avec 500 000 Français qui peuvent proposer une loi ou l’abrogation d’une loi. »

Moi, je crois que le plus gros problème à la suite de ce quinquennat, c’est la désunion. la division que vous avez créé au sein du peuple français.

Marine Le Pen

Emmanuel Macron tente de nuancer : « Le RIC c’est permettre à une initiative de venir court-circuiter, sans limitation de champ, sans passer par l’Assemblée nationale. »

Conclusion

La règle de la conclusion est simple. Les candidats ont chacun leur tour deux minutes pour conclure, une sorte de « carte blanche », sans que l’autre ne puisse l’interrompre.

Je vous remercie Madame Le Pen de l’échange que nous avons eu, car il faut être deux pour le mener. On a pu voir une chose. Nous avions des désaccords sincères, respectables. Le 24 avril, c’est un moment clair, il faut que le choix soit clair. Cette élection est aussi un référendum pour ou contre l’UE, la transition écologique, pour ou contre la laïcité, pour ou contre ce que nous sommes profondément. La protection de l’enfance sera au cœur de ma politique des cinq années qui viennent.

Emmanuel Macron

Pour conclure, je veux m’adresser au peuple français qui aspire au retour de la tranquillité, au retour du bon sens dans la conduite de l’Etat. Ce projet est viable, il est même je le crois vital, c’est celui que je porte pour les Français, pour tous les Français.

Marine Le Pen

Le débat aura duré au total 2 heures et 50 minutes, durant lesquelles les deux candidats ont pu exposer leur vision de la France. Rendez-vous le 24 avril aux urnes.