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A380, Dernier tour de piste

A380, Dernier tour de piste

Image : Stocklib / Phuong Nguyen Duy

Le 251ème et dernier Airbus A380 assemblé depuis l’usine Jean-Luc Lagardère à Toulouse a été livré à son client, Emirates, a annoncé la compagnie aérienne du Golfe, marquant la fin d’une époque pour l’avionneur européen dont l’appareil géant a subi un échec commercial. Airbus avait, en effet, annoncé la fin de la production de l’A380 en 2019, faute de nouvelles commandes.

L’A380 est le 123e d’Emirates, de loin le plus important utilisateur du « super jumbo » lancé en 2000. L’avion a donc décollé jeudi 17 décembre depuis l’aéroport de Toulouse-Blagnac pour rejoindre le centre de finition d’Hambourg en Allemagne. Il y recevra son aménagement intérieur et sera peint aux couleurs de la compagnie Emirates, le dernier client de l’A380. Pour l’instant seule la dérive et les quatre moteurs de l’avion ont été peints. Cet ultime exemplaire sera livré courant de l’année 2022.

L’A380 délaissé par Airbus

L’avionneur européen, qui avait pensé le quadriréacteur géant, capable de transporter 545 passagers sur 15 000 km, comme le successeur du mythique 747 de son rival américain Boeing, avait décidé, dès février 2019, d’arrêter les frais, une fois les commandes honorées. C’était avant que la crise du Covid-19 cloue au sol de nombreux gros appareils. Certaines compagnies ont tiré un trait sur l’A380 à cette occasion, d’autres l’avaient déjà fait auparavant, comme Air France. Au total, 300 millions de passagers ont déjà volé à bord de l’A380 mais ce chiffre continuera de croître car, malgré la crise, plusieurs compagnies remettront en service leurs A380 notamment Emirates (n’ayant jamais totalement arrêté l’exploitation commerciale), British Airways, Singapore Airlines rénovant actuellement les plus anciens de ses A380. L’avionneur estime, d’ailleurs, que « les A380 vont continuer à être exploités par les compagnies aériennes pendant plus d’une vingtaine d’années encore », même s’ils n’auront pas de successeur.

Il s’agit de la fin d’une saga qui aura débuté dans les airs le 27 avril 2005 à l’occasion du tout premier vol de l’avion géant imaginé par Airbus dès la fin des années 1990. En effet, l’A380 n’a finalement pas rencontré le succès commercial escompté avec seulement 251 exemplaires produits dont 123 pour son plus important client : la compagnie de Dubaï Emirates. Par ailleurs, l’A380 est entré en service alors qu’éclatait la crise financière de 2008 faisant plonger le trafic aérien. À l’origine, Airbus tablait sur un point aux environs de 700 appareils pour amortir le programme. Les ventes n’auront jamais été au rendez-vous malgré l’affection du public pour ce superjumbo des airs silencieux, rassurant et offrant un espace inédit à bord d’un avion commercial.

C’est également pour la région Occitanie et pour toute la filière aéronautique européenne la fin d’une saga industrielle. Au total, 1 500 entreprises et fournisseurs concourraient à la production de l’A380. L’usine géante de l’A380 installée à Blagnac et baptisée du nom d’un de ses pères fondateurs, Jean-Luc Lagardère, est appelée à être reconvertie pour accueillir une ligne d’assemblage de la famille A320.r

Un avion mythique malgré ses handicaps

Airbus n’a pas véritablement « fêté » la fin de l’A380. « Au nom de toutes les équipes d’Airbus, je souhaite profiter de cette livraison pour remercier chaleureusement Emirates, le plus grand opérateur mondial de l’A380, pour sa confiance et son partenariat de longue date. Que les prochains atterrissages soient nombreux ! » a déclaré Guillaume Faury, PDG d’Airbus, cité dans un communiqué. De son côté, Emirates a souligné que « la réception d’un avion neuf dans un contexte toujours marqué par la pandémie, témoigne de l’optimisme d’Emirates, convaincue de la reprise du secteur et du retour de la demande de voyages » et rappelé que la compagnie avait été la première à annoncer une commande d’A380 en 2000.

Doté de deux ponts courant sur toute sa longueur, l’A380 a une envergure de 79,8 m et est le plus gros avion commercial de l’histoire, avec une capacité allant jusqu’à 853 places. D’un point de vue commercial, il aura été loin de remplir l’objectif initial d’Airbus, qui avait estimé le marché des avions de plus de 500 places à 1.300 appareils sur 20 ans, espérant en capter 50%. C’est Singapore Airlines qui avait le premier intégré un A380 dans sa flotte, en 2007. Mais pas assez rentable, trop difficile à remplir, trop gourmand en carburant… les capacités hors normes de l’avion star d’Airbus, autrefois un atout, sont devenus un handicap.

Image : Stocklib / gordzam

Un cœur de 200 kilomètres de long dans le ciel a, tout de même, été dessiné par saluer le dernier exemplaire de l’avion fabriqué par Airbus. Il s’est envolé pour un ultime vol d’essai avant d’être livré à Emirates. Et pour marquer l’événement, la trajectoire de l’avion a donc dessiné un cœur gigantesque dans le ciel du nord de l’Allemagne, au-dessus du Land de Mecklenburg-Vorpommern, comme le rapporte le site Flightradar24.

Flightradar24

Clap de fin pour d’autres Airbus ?

L’A380 n’est toutefois pas le seul Airbus à sortir de la scène discrètement. Si l’avionneur a officiellement d’autres monocouloirs « classiques » dans ses listings, l’appareil considéré comme le dernier A321 a quitté le 16 décembre dernier, l’Alabama pour l’aéroport de Minneapolis. Mais les compagnies aériennes appartenant à la société américaine Indigo Partners attendent à partir de l’année prochaine les premiers des 155 Airbus A321neo désormais commandés. Les premiers sont configurés pour accueillir 191 passagers, et les seconds, 194 passagers (soit 3 sièges de plus).

Fin novembre, 1 736 A321ceo étaient également en service, les listings d’Airbus indiquaient encore sept A321 attendus par Iran Air. Airbus avait aussi livré en juillet son dernier A319 à Tibet Airlines et en novembre 2020 le dernier A320 était sorti de la FAL de Toulouse destiné à l’Armée de l’air de Thaïlande. Seules leurs versions neo de ses monocouloirs de la famille A320 sont ainsi désormais produites.