On répète souvent que Coca-Cola est à l’origine du changement de couleur des vêtements du Père Noël : du vert au rouge. Est-ce vrai ? Retour sur son histoire.
Aujourd’hui, pour tous, le Père Noël est un vieil homme bedonnant et barbu, habillé en rouge et blanc, et qui distribue des cadeaux aux enfants la nuit du 24 décembre. Mais il n’en a pas toujours été ainsi.
À l’origine du Père Noël : Saint Nicolas
Notre Père Noël vient de Saint Nicolas, ou Nicolas de Myre de son vrai nom, un évêque turc, que les marins et les marchands vénéraient pour ses miracles. Il serait né il y a environ 1700 ans et avait l’habitude de distribuer pendant la nuit des cadeaux, et de la nourriture aux personnes les plus pauvres. À sa mort, l’Église décide de le canoniser. À cette époque, elle cherchait à remplacer les personnages des fêtes païennes par des saints. L’un d’eux est tout trouvé : le 6 décembre, date de sa mort, on fête donc la Saint-Nicolas.
Au XVIᵉ Siècle, une réforme protestante supprima la fête dans de nombreux pays d’Europe, sauf aux Pays-Bas. Ils le transformèrent en personnage semi-laïc, qu’ils nommèrent Sinter Klaas, protecteur des enfants.
Un culte fut créé autour de Saint Nicolas : celui-ci pourrait marcher dans les airs sur un cheval et distribuer ses cadeaux de toit en toit.
La légende s’est exportée aux États-Unis, avec les premiers colons néerlandais au XVIIᵉ Siècle, très reconnaissants d’avoir pu traverser l’Atlantique sains et saufs. Saint-Nicolas est ainsi devenu le patron des marins, et était très vénéré en Amérique du Nord. Là-bas, ils rencontrèrent des anglais : Sinter Klaas fut déformé en Santa Claus !
Rapidement, la « fête des enfants » du 6 décembre fut associée à la naissance de Jésus, le 24 décembre, nouvelle date de livraison de cadeaux.
Pendant toute cette période, Saint Nicolas était donc habillé comme un évêque.
Au départ toujours accompagné du Père Fouettard, qui menaçait les enfants n’étant pas sages avec ses baguettes, celui-ci finira petit à petit par disparaître.
En 1823, Clément Clarke Moore, pasteur américain, écrit pour ses enfants un poème, The night before Christmas. C’est la première fois que Saint Nicolas est représenté comme un gros lutin sympathique et souriant, qui distribue des cadeaux dans les maisons en passant dans les cheminées avec son traîneau volant et ses rennes ! Par ailleurs, pour qu’il puisse passer dans la cheminée, le Père Noël est un tout petit bonhomme, comme un lutin !
Le traîneau sur le toit où l’on entend les rennes, les bruits des clochettes… les bases de notre Père Noël sont déjà là. Le poème sera traduit et publié dans le monde entier.
« C’était la nuit de Noël, un peu avant minuit,
A l’heure où tout est calme, même les souris.
On avait pendu nos bas devant la cheminée,
Pour que le Père Noël les trouve dès son arrivée.
Blottis bien au chaud dans leurs petits lits,
Les enfants sages s’étaient déjà endormis.
[…]
Je n’en crus pas mes yeux quand apparut au loin,
Un traîneau et huit rennes pas plus gros que le poing,
Dirigés par un petit personnage enjoué :
C’était le Père Noël je le savais. »
(le poème en intégralité : en anglais et en français)
La métamorphose du Père Noël
Dans les années 1860, des illustrateurs américains se sont inspirés du poème de Clement Clarke Moore. L’un d’eux, Thomas Nast, décide de le faire venir du Pôle Nord, cette région n’ayant pas encore été découverte. Pour lui, Santa Claus porte un costume bordé de fourrure blanche et une ceinture en cuir. Pendant près de 30 ans, il présentera dans ses dessins tous les aspects de cette légende.
En 1931, l’illustrateur Haddom Sundblom dessine Santa Claus pour une publicité de la célèbre marque… Coca-Cola ! Il lui donne une taille normale, mais en gardant les bonnes joues et le gros ventre de Moore. Il paraîtrait d’ailleurs qu’il se serait inspiré de lui-même…
Quel était le but de Coca-Cola ? Cette boisson étant fraîche, elle se vend moins en hiver, et va donc essayer de toucher l’Hémisphère sud, où il fait souvent plus chaud en été… et où on peut boire du Coca-Cola ! Le Père Noël est alors représenté buvant le soda… Cette publicité va exporter le mythe du Père Noël dans l’Hémisphère sud, où il est toujours représenté ainsi.
Ce n’est donc pas du tout Coca-Cola qui a inventé le costume rouge et blanc de Santa Claus : il existait déjà ! La marque américaine s’est simplement approprié le personnage pour mieux vendre !
L’arrivée en Europe
Pendant ce temps, en Europe, on croyait toujours beaucoup en Saint-Nicolas, surtout dans les pays de tradition germanique et dans l’Est de la France. Au Royaume-Uni, Charles Dickens écrit « Un conte de Noël » en 1843, qui met surtout l’accent sur la générosité. À la fin de la Seconde Guerre Mondiale, comme beaucoup d’autres produits américains (chewing-gums, Coca…), Santa Claus s’exporte en Europe. Il est rapidement adopté en France, grâce à la fameuse « American Way of Life ».
Malgré tout, l’Église n’aime pas trop ce nouveau personnage qui détourne les familles de la naissance du Christ, à un tel point que le 23 décembre 1951, le Père Noël est brûlé devant les grilles de la cathédrale de la ville !
« Pour nous, chrétiens, la fête de Noël doit rester la fête anniversaire de la naissance du Sauveur »
Eglise de Dijon
Les nombreux films et les chansons de Noël (notamment avec Tino Rossi et son Petit Papa Noël) le font s’installer dans la culture populaire.
Par la même occasion, on importe en Europe des sapins décorés, des papiers cadeaux, des cartes de vœux ou encore des cadeaux très différents des traditionnelles oranges qu’on offrait aux enfants !
Pour autant, on continue de fêter Saint Nicolas en Alsace et en Lorraine, aux Pays-Bas (forcément, avec le Sinterklaas), en Belgique (nommé aussi Sinterklaas), en Suisse, en Allemagne, en Hongrie, en Moldavie, en Roumanie ou encore en Slovaquie.
À présent, vous savez tout sur le Père Noël : il ne nous reste plus qu’à vous souhaiter de très bonnes fêtes de fin d’année de la part de toute la rédaction d’AR1, nous nous retrouvons l’année prochaine pour continuer d’analyser et de décrypter le monde qui nous entoure !