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Rentrée scolaire 2024 : quelles sont les nouveautés ?

Rentrée scolaire 2024 : quelles sont les nouveautés ?

Rentrée scolaire 2024 : quelles sont les nouveautés ?

Ce lundi 2 septembre, plus de 12 millions d’élèves ont fait leur rentrée scolaire. Comme tous les ans, des expérimentations sont mises en place, et des changements ont lieu dans le système éducatif. Cette année ne fait pas exception avec des changements majeurs, notamment dans le secondaire, afin de « ne laisser aucun élève au bord du chemin », comme l’indique la circulaire de rentrée.

Premier degré

Le premier degré, soit les écoles maternelles et élémentaires, sont concernées par des changements cette année.

Tout d’abord, les méthodes d’enseignement des mathématiques et du français de la petite section au CE2, sont revues. Ce sont tout d’abord de nouveaux programmes qui sont mis en place. Selon la ministre démissionnaire de l’Education Nationale Nicole Belloubet, ces nouveaux programmes favorisent la transversalité entre les enseignements. Cependant, ils ne pourront être appliqués qu’à la rentrée 2025. Cette année, ce sont donc les instituteurs qui pourront travailler ces programmes pour l’année prochaine. Des méthodes d’enseignement nouvelles, comme la méthode de Singapour, qui est plus imagée, sont par exemple privilégiées. L’objectif est d’améliorer le niveau des élèves, alors que le classement PISA, réalisé auprès de 85 pays, montre que la France est en retard en mathématiques, en sciences, et en lecture, par rapport aux autres pays européens. Les évolutions apportées aux méthodes d’enseignement et aux programmes de mathématiques et de français visent donc à diminuer ce retard.

A l’école élémentaire, les élèves de chaque niveau seront évalués au début de l’année. Jusqu’alors, il s’agissait des élèves de CP, CE1 et CM1 qui étaient évalués. Cette rentrée introduit donc des évaluations nationales en CE2 et CM2. L’objectif affiché est d’aiguiller les instituteurs dès le début de l’année afin qu’ils puissent s’adapter aux élèves. Au niveau national, l’objectif est aussi de connaître le niveau des élèves pour pouvoir, par exemple, modifier les programmes.

D’un autre côté, hors des salles de classe, ce sont les manuels scolaires dans le premier degré qui connaissent des évolutions. En effet, à partir de cette année, une labellisation est lancée afin de rendre les manuels plus homogènes, tout en leur faisant respecter certains critères. L’Etat souhaite aussi développer l’usage des manuels scolaires dans le premier degré, alors que plus d’un tiers des classes à l’école primaire n’ont pas de manuels de français ou de mathématiques.

Second degré

Au collège et au lycée, des modifications marquent aussi la rentrée et suscitent de vives réactions.

Dans la continuité de ce qui est fait dans le premier degré, des évaluations nationales sont mises en place dès le début de l’année pour les collégiens. L’objectif poursuivi est le même que dans le premier degré, avec une adaptation aux élèves et un point de vue au niveau national sur le niveau des collégiens.

En 6ème et en 5ème, des « groupes de besoin » sont mis en place en français et en mathématiques, afin d’aider les élèves « les plus fragiles » à acquérir les connaissances attendues. Cette mesure doit aussi permettre de faire travailler en groupe les élèves, et donc de créer une réelle « dynamique » selon la ministre. Ce projet participe à l’ « égalité des chances » voulue dans le système scolaire français.

Un enseignement voit aussi le jour, avec l’apparition d’un « programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle » au collège et au lycée. Ce programme sera présenté en cours d’année, et les élèves auront trois séances par an de ce nouvel enseignement, afin de permettre « l’apprentissage des règles de vie ensemble », selon la ministre.

Le brevet, lui aussi, connaît des changements. Jusqu’alors, le contrôle continu comptait pour 50% dans la note, et les autres 50% correspondaient aux épreuves terminales. Cette année, les épreuves terminales compteront à hauteur de 60% dans la note, et la part du contrôle continu sera donc revue à la baisse, passant à 40%. Par ailleurs, le contrôle continu sera composé de toutes les disciplines de la classe de 3ème. Pour l’instant, le passage en lycée général peut encore se faire sans obtenir le brevet.

Concernant le numérique, les téléphones portables seront interdits dans 200 collèges de France, pour 50 000 élèves, alors que, jusqu’à maintenant, il était possible de les garder sur soi, éteints. La ministre se fixe l’objectif de généraliser cette mesure à partir de janvier 2025. Cette mesure fait réagir car elle semble inapplicable pour beaucoup d’acteurs de l’éducation. Les syndicats se sont déjà positionnés contre cette mesure. Par exemple, Jérôme Fournier, secrétaire national du syndicat SE-UNSA, ne voit pas comment appliquer la mesure : « Matériellement, je ne sais pas comment on va faire. Il y a une question de responsabilité à conserver 500 ou 600 téléphones au même endroit. ». Sur l’aspect budgétaire aussi, la mesure divise car installer des casiers sécurisés pour les téléphones représente un coût pour les établissements. François Savadet, président de l’association d’élus Départements de France, a estimé le coût d’une généralisation du dispositif aux 7000 collèges français à 125 millions d’euros. Ainsi, la « pause numérique » souhaitée par la ministre dans le milieu scolaire suscite une très large opposition et pose problème au niveau de sa mise en œuvre.

Dans les lycées professionnels, une réforme finit d’être mise en place cette année. La ministre de l’Education Nationale démissionnaire, le 27 août, a notamment évoqué le « Y », qui permet aux élèves des lycées professionnels de choisir, pendant les six dernières semaines de l’année scolaire, entre « une période de formation en milieu professionnel » et « un temps de préparation aux études supérieures ». Cela a pour but d’insérer les élèves des lycées professionnels dans le monde du travail ou dans les études supérieures.

Une classe de « Prépa-Seconde » sera aussi créée, pour des élèves n’ayant pas obtenu leur brevet. Cette classe repose sur le volontariat des élèves, et vise à prévenir le décrochage de certains élèves. La « Prépa-Seconde » sera testée dans au moins un lycée par département et devra faire ses preuves pour être généralisée.

Enfin, en seconde générale et technologique, un stage sera à nouveau rendu obligatoire, comme en 3ème. L’objectif est de faire connaître aux élèves le monde du travail pour les professionnaliser. Cependant, l’année dernière, ce stage avait été problématique pour de nombreux élèves, car les entreprises sont souvent réticentes à l’idée d’accueillir de jeunes stagiaires. Les 500 000 élèves de seconde devront donc se plier, durant cette année scolaire, aux deux semaines de stage.

Des évolutions plus globales

Concernant les professeurs, l’organisation globale du système éducatif et les infrastructures, la rentrée 2024 est aussi marquée par des changements.

Les internats seront revalorisés, et les établissements « les moins favorisés ou les plus isolés » aidés. Cela passe par la création d’ « observatoires des dynamiques rurales », pour les établissements situés dans ces territoires. Par ailleurs, une « réflexion » est à mener sur les établissements de Nouvelle-Calédonie, de Mayotte, de la Guyane, et de la Seine-Saint-Denis. Ces territoires, assez pauvres, sont pour certains aussi confrontés à une forte instabilité, comme en Nouvelle-Calédonie.

Les établissements privés sous contrat et les établissements publics « les plus favorisés » devront œuvrer à l’inclusion. En effet, ces établissements, souvent catégorisés comme « élitistes », doivent aussi faire des efforts afin d’intégrer des élèves moins favorisés. Cela permettrait notamment à des élèves de zones difficiles, mais avec un bon niveau scolaire, d’accéder à des études de meilleure qualité.

Du côté du bien-être au travail, le soutien aux professeurs devrait être amélioré, ainsi que la protection de toutes les personnes travaillant dans l’Education Nationale. Parallèlement, c’est « l’autorité des professeurs » qui est un enjeu, comme leur protection vis-à-vis des « violences » qu’ils peuvent subir.

Pour le bien-être des élèves à l’école, il y a des efforts effectués sur les questions psychologiques et sociales, ainsi que sur la santé scolaire. Les élèves doivent aussi respecter les règles du système scolaire, et il doit y avoir une « réponse adaptée » en cas de non-respect. La « tolérance zéro » est mise en avant par la ministre quant au non-respect de la neutralité de l’école et de la contestation des enseignements. L’Education Nationale souhaite aussi lutter contre les discriminations et les inégalités, y compris dans le milieu scolaire. Cela passe « par la culture littéraire, scientifique, historique et artistique ». La lutte contre le harcèlement scolaire est aussi au centre des préoccupations, ainsi que la sécurité globale, avec la mise en place de « dispositifs de détection, de réaction et d’accompagnement des victimes ». Cette année, pour assurer la sécurité des enceintes scolaires, c’est la « FORSCOL », soit la Force Mobile de Sécurité Scolaire, qui est mise en place. Cette unité doit soutenir les équipes de sécurité académiques en cas de besoin, et pouvoir être déployée en 48 heures. Cela permet donc d’assurer la sécurité des élèves, des enseignants et de tous les personnels des établissements scolaires.

Cette année, l’Enseignement Moral et Civique subit une modification des programmes et une augmentation du temps d’enseignement. Le sport continue à être promu au sein de l’école avec « la poursuite et l’extension des 30 minutes d’activité physique et sportive » par jour en milieu scolaire. En plus de cela, deux heures de sport seront rajoutées au collège, notamment dans les établissements prioritaires. Dans le contexte olympique et paralympique actuel, 200 000 places ont été offertes aux personnels et élèves, ce qui montre une volonté de mettre en avant la pratique du sport. Par ailleurs, des « mini-clubs » de sport « seront accueillis dans 400 écoles et établissements au moins ». La culture fait aussi partie des thèmes que la ministre souhaite mettre en avant, et fait l’objet d’une mission qui a pour but de permettre une « éducation au théâtre », « l’enseignement d’histoire des arts et son évaluation au brevet », et enfin « la pratique artistique, musicale ou à l’image ». Cette année, le théâtre sera mis en avant, au niveau littéraire mais aussi avec l’organisation de plus de sorties scolaires.

L’Etat souhaite aussi « redonner » aux établissement et aux personnels « les marges de manœuvre dont ils ont besoin » afin de mener à bien certains projets et de pouvoir s’adapter le plus possible à leurs élèves et à leur territoire. Ainsi, les personnels sont appelés à prendre des initiatives, plus qu’auparavant. Reste à savoir si les établissements disposeront d’assez de budget pour mener à bien certains projets voulus par les enseignants.