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#Back to School : la rentrée scolaire à l’ère des réseaux sociaux

#Back to School : la rentrée scolaire à l’ère des réseaux sociaux

#Back to School : la rentrée scolaire à l’ère des réseaux sociaux

Des idées de tenues pour la rentrée, des surligneurs pastels ou encore des fiches de révisions colorées : pas de doute, l’ambiance studieuse est de retour sur les réseaux sociaux, signe que l’été touche à sa fin.

Depuis déjà plusieurs semaines des lycéens et étudiants partagent leurs indispensables pour la rentrée et leurs conseils de révision sous le hashtag « Back to School ». Ce dernier comptabilise plus de 17,2 millions de publications sur Instagram.

Le succès du Studygram

La sphère « study » est d’abord née sur Instagram sous le mouvement #studygram, puis s’est étendu aux autres réseaux sociaux. Ces derniers ont donné naissance à de véritables communautés où l’esthétisme de la vie étudiante joue un rôle primordial : bullet journal, casque Apple, fond d’écran personnalisé…

Les photos et les vidéos créatives créent un univers inspirant qui motive une grande audience. Ces contenus attirent même l’attention de marques, comme Stabilo, Oxford ou Duolingo, qui y voient une opportunité de s’adresser à un public ciblé et réceptif à leurs produits.

Lors de l’année scolaire, les formats vidéo que l’on retrouve sont ceux des vidéos en temps réel, qui durent souvent des heures que l’on appelle « study with me » où l’on voit quelqu’un étudier devant la caméra. Il est également courant que les vidéos soient des vlogs de l’expérience universitaire du créateur de contenu. 

Marianne, connue sous le nom de @studygrammeuse sur les réseaux sociaux est une étudiante en droit et fait partie du Studygram depuis juin 2019 :

J’ai d’abord commencé à parler du lycée et du bac de français puis j’ai continué à donner des conseils sur les études. Finalement, cela s’est centré sur la fac de droit et d’histoire. Aujourd’hui j’essaie de donner des conseils sur les masters et sur Parcoursup afin d’aider les étudiants au maximum.

Dans une étude nommée Studygrammers: Learning influencers, les chercheurs P. Izquierdo-Iranzo et E. Gallardo-Echenique ont analysé les pratiques d’utilisation des réseaux sociaux académiques parmi des étudiants et relèvent les aspects positifs de ces communautés. Les adjectifs les plus souvent employés par les étudiants interrogés sont tout d’abord « collaboratif », (mentionné dans 70,6% des cas), suivi de « rapide » (63,25%). En effet, les communautés permettent aux étudiants issus de divers milieux académiques de se sentir moins seuls, de s’identifier et d’être davantage motivés dans leurs révisions. Comme le rappelle Marianne, l’étudiante à près de 11 500 abonnés sur TikTok, « dans le Studygram, l’entraide c’est le plus important ».

Une source de motivation ou de pression ?

On peut néanmoins relever certaines tendances de vidéo faisant l’objet de critiques. Parmi elles, les vidéos présentant les fournitures scolaires sont parfois contestées car elles pousseraient à une surconsommation, en invitant les étudiants à renouveler leurs matériels scolaires tous les ans, même si cela n’est pas tout le temps nécessaire.

De plus, en insistant sur la productivité à outrance et les astuces de révision, certains soulignent également le danger de promouvoir une culture de la « productivité toxique »1.

Si l’accent mis sur la réussite scolaire peut être motivant, il peut aussi encourager des comportements malsains, par exemple en encourageant des sessions de révisions excessives ou encore des horaires de travail intenses qui mènent à une pression constante de la performance.

Marianne, elle, refuse de donner ses notes ou de mettre en avant son temps de travail sur les réseaux sociaux pour ne pas stresser ses abonnés et pour éviter les critiques : « j’essaie d’être réaliste et de montrer que les études ce n’est pas tout rose » nous explique t-elle. Les étudiants cherchent de plus en plus à voir un contenu moins « parfait » mais qui reflète davantage la réalité étudiante. En effet, la santé mentale est un facteur déterminant de la qualité de vie étudiante, et il est important de sensibiliser aux conséquences d’une charge de travail excessive et aux risques de la comparaison sur les réseaux sociaux.

Si l’on ne se laisse pas piéger par une quête de la productivité à outrance, cette sphère offre avant tout un espace de partage et d’entraide où les étudiants peuvent se sentir moins seuls et plus motivés dans leur vie universitaire. Le soutien et les conseils échangés peuvent alimenter un sentiment de persévérance face à la complexité des études et créer un effet de solidarité qui, en temps de rentrée scolaire, fait du bien aux étudiants et lycéens.

  1. voir l’article d’Usbek et Rica sur ce sujet : « Sur les réseaux sociaux, les révisions deviennent instagrammables… et anxiogènes ? » 
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