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Quand le tourisme est rattrapé par les désastres du surtourisme

Quand le tourisme est rattrapé par les désastres du surtourisme

Quand le tourisme est rattrapé par les désastres du surtourisme

Lieux touristiques bondés, plages noires de monde, sites dégradés et restrictions d’entrée, ces mots pourtant bien négatifs commencent à devenir une réalité pour de nombreux vacanciers. Si le tourisme est encore indispensable par son apport économique, l’expansion de l’ « overtourism » semblerait bien en devenir un frein. Au-delà d’un excès de touristes, le surtourisme entraîne des effets néfastes à la fois sur l’environnement et sur les populations locales.

Des locaux désemparés

Durant l’été, de nombreuses destinations comme Venise, Dubrovnik, Rhodes ou encore l’île indonésienne de Bali sont noyées par des flots de touristes. Chaque année, le centre de Venise et ses 49000 habitants accueillent 30 millions de touristes soit 550 touristes pour 1 vénitien.

Le surtourisme entraîne de nombreux conflits, notamment avec les populations locales. L’afflux de touristes est l’un des facteurs de la hausse des prix des produits alimentaires ou de premières nécessités. Certains résidents peinent également à trouver des logements, les propriétaires préférant louer leurs biens à court terme à des touristes, via des plateformes en ligne comme Airbnb. 

La vie quotidienne des habitants est également perturbée, perte de vie locale, bruit, surfréquentation des espaces publics, des transports en commun… 70 % des Italiens ont par exemple déjà renoncé à visiter un site touristique en raison de sa surfréquentation. À Barcelone, les populations locales ne cachent plus leur ras-le-bol, aspergeant d’eau certains touristes attablés dans des restaurants ou par des tags, tels que « touristes, rentrez chez vous ! ».

Des effets majeurs sur l’environnement 

L’afflux de touristes dans les zones naturelles comme les forêts, les plages ou les parcs nationaux entraîne une forte dégradation de la faune et de la flore. Piétinement des marcheurs, accumulation des déchets, installations touristiques, graffitis… nombreux sont les facteurs de la dégradation des sites naturels et culturels. Ainsi, plusieurs forêts à Bali, ou encore les îles Galapagos ont été placées sur la liste du patrimoine en péril par l’Unesco, à cause de la menace du tourisme sur la faune et la flore.

Facteur central de la pollution, l’accumulation de déchets par les touristes nuit chaque année à la dégradation de la biodiversité et des espaces naturels. Les espaces marins sont fortement touchés dus aux rejets des eaux usées ou des substances chimiques qu’on retrouve notamment dans les crèmes solaires. Selon un rapport de l’association WWF, en mer Méditerranée, 52% des détritus seraient liés au tourisme balnéaire. 

Le surtourisme participe aussi à l’augmentation considérable de la demande en eau et en énergie, par exemple pour le remplissage des piscines dans les hôtels. Loin de n’être qu’un petit souvenir de vacances, la collecte de souvenirs naturels comme les coraux, les coquillages ou les plantes créé également une grande menace sur les ressources naturelles.

Régulations, quotas, fermetures temporaires, organiser la lutte contre le surtourisme

Mise en place de quotas pour l’accès aux Calanques de Marseille, fermetures temporaires de plages comme celle de Maya Bay en Thaïlande, taxes touristiques à Valence ou à Bali, les villes multiplient leurs actions face aux dégâts de plus en plus importants du surtourisme. 

Au Pérou, le Machu Picchu est maintenant restreint à 2500 visiteurs par jour, en plus de cela, les touristes sont limités à 4 heures de visite et doivent être obligatoirement accompagnés d’un guide agréé. En France, l’île de Porquerolles a opté pour la même méthode, limitant l’accès à 6000 visiteurs par jour depuis 2021. Des villes comme Amsterdam ou Dubrovnik ont quant à elles décidé de rationner l’arrivée de bateaux de croisière pour lutter contre l’arrivée massive de touristes. À Marseille, la ville mise sur le « démarketing », en utilisant des campagnes dissuasives, elle souhaite présenter une image plus réaliste des célèbres Calanques. 

La menace du surtourisme est telle qu’en 2023, la ville de Venise a bien failli voir son nom sur la liste du Patrimoine mondial en péril. Depuis, elle multiplie les mesures de régulation. En plus des quotas d’accès à la place Saint-Marc, depuis cette année, la ville fait payer 5 euros aux touristes ne restant qu’une seule journée dans son centre. À Séville, même pratique, les touristes devront maintenant payer pour accéder à la célèbre Place d’Espagne. Plus étonnant, à Barcelone, la municipalité a fait disparaître de Google Maps la ligne de bus qui rejoint le Parc Güell, jusqu’ici assaillie par les touristes. Autre initiative surprenante à Portofino, depuis 2023, un arrêté interdit aux visiteurs de s’arrêter dans des « zones rouges » sous peine de recevoir une amende. L’objectif de la ville : lutter contre les touristes qui s’agglutinent pour prendre des photos et des selfies.