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Variole du singe : la France est-elle concernée ?

Variole du singe : la France est-elle concernée ?

Variole du singe : la France est-elle concernée ?

Mercredi 14 août, l’Organisation Mondiale de la Santé a classé la situation concernant l’épidémie de variole du singe d’ « urgence de santé publique de portée internationale ». La variole du singe avait déjà été classée comme telle par l’OMS en 2022. Aujourd’hui, c’est un nouveau variant, appelé clade 1b, qui sévit notamment en Afrique, mais fait aussi craindre une extension de la maladie, avec un cas détecté en Suède jeudi 15 août, et un autre, le lendemain, au Pakistan.

Qu’est-ce que la variole du singe ?

La variole du singe est une maladie virale détectée pour la première fois chez l’homme en 1970. Depuis cette date, elle connaît des épidémies, localisées presque uniquement en Afrique. Cependant, en 2022, une épidémie a été particulièrement intense, due à un nouveau variant, avec plus de 90 000 cas, et environ 140 décès. Depuis septembre 2023, le nouveau variant clade 1b a lancé une nouvelle épidémie de variole du singe. Cette épidémie continue cette année, avec 160% d’augmentation des cas depuis début 2024 selon l’agence de Santé de l’Union Africaine. La maladie s’est aussi implantée hors d’Afrique, avec un cas signalé en Suède et un autre au Pakistan.

Cette maladie peut être transmise par des animaux ou des humains infectés. Un animal infecté par la maladie peut transmettre le virus à quelqu’un en le mordant ou en le griffant. Par ailleurs, lors de la préparation de la viande d’un animal infecté, il est possible d’être contaminé, comme lorsque l’on consomme cette viande sans l’avoir suffisamment cuite. Concernant les humains, la contamination peut avoir lieu lors de rapports sexuels ou bien par des gouttelettes respiratoires, ou encore lors d’un contact avec un objet contaminé par un malade. Ainsi, la variole du singe peut se transmettre de différentes manières, et peut donc toucher de nombreuses personnes. Dans les pays les plus concernés par la maladie, qui sont assez peu développés, les populations ne peuvent avoir accès à autant de moyens de protection qu’en France, comme des masques ou des vaccins, ce qui entraîne aussi une progression de l’épidémie.

Au niveau des symptômes, le variant actuel de la variole du singe se caractérise par de la fièvre, des douleurs, mais aussi des éruptions cutanées. Celles-ci s’étendent à tout le corps et peuvent provoquer des douleurs intenses. Elles peuvent aussi provoquer des surinfections. En plus, des œdèmes peuvent atteindre les voies aérodigestives, et donc provoquer des difficultés respiratoires et pour avaler. Par ailleurs, la cornée, au niveau des yeux, peut être atteinte, tout comme les poumons. Enfin, des complications peuvent survenir au niveau neurologique. La variole du singe peut entraîner la mort. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, entre 3% et 6% des malades meurent de cette maladie.

Comment la France pourrait-elle être impactée ?

Le cas déclaré en Suède jeudi 15 août montre que la variole du singe pourrait impacter l’Europe, et donc, la France. L’OMS alerte d’ailleurs sur le risque de « cas importés » en Europe.

En France, il est possible de prévenir une épidémie de variole du singe. En effet, comme pendant la pandémie de coronavirus, la propagation de la variole du singe peut être contenue grâce à des masques. Par ailleurs, un vaccin existe, mais peu de personnes sont vaccinées, car la vaccination est volontaire et qu’il existe seulement 177 lieux de vaccination en France, hors outre-mer. Selon Le Parisien, actuellement, seules 300 doses seraient administrées chaque mois, alors que la vaccination se fait en deux doses. Au niveau de la prévention, la France peut donc faire face en partie à une potentielle épidémie de variole du singe. La vaccination massive reste un enjeu qui permettrait de protéger la population.

En ce qui concerne le traitement de la maladie, la France possède de quoi traiter les différents symptômes de la maladie, de la fièvre aux lésions de la peau en passant par les douleurs. En revanche, comme on l’a connu pendant la pandémie de Covid-19, une épidémie de variole du singe intense pourrait saturer le système hospitalier. En effet, malgré une grosse alerte lors du Covid-19, le système hospitalier, et notamment les urgences et la réanimation, n’ont pas connu de réelle évolution. Même s’il est peu probable que la variole du singe sature les hôpitaux, cela pourrait entraîner un manque de prise en charge de patients, alors que la maladie peut entraîner la mort.

Ainsi, en France, il est très probable qu’il y ait des contaminations. Or, la maladie est connue, et la France a les moyens de prévenir une épidémie. Par ailleurs, il existe des traitements contre la variole du singe et le risque de saturation du système hospitalier reste extrêmement faible.

Les actions mises en place en France pour contenir l’épidémie

En France, des politiques sont mises en place afin d’éviter que la variole du singe ne prenne de l’ampleur. En effet, vendredi 16 août, le premier ministre démissionnaire Gabriel Attal a annoncé placer « notre système de santé en état de vigilance maximale », anticipant ainsi une potentielle épidémie qui pourrait toucher la France. Dimanche 18 août, dans une interview donnée à La Tribune Dimanche par Frédéric Valletoux, Ministre de la Santé démissionnaire, celui-ci a indiqué qu’il y avait de « fortes chances que des cas sporadiques du nouveau variant apparaissent ». Au niveau des mesures mises en place, il a expliqué « avertir toutes les personnes qui ont voyagé dans les zones touchées, au départ et à l’arrivée de chaque vol ». En ce qui concerne la vaccination, Gabriel Attal a annoncé sur son compte X, ex-Twitter, que « 152 500 » personnes avaient été vaccinées depuis 2022 en France, soit un peu plus de 0,2% de la population. La volonté d’anticiper est donc présente, mais si l’épidémie arrive en France, il faudra rendre la vaccination bien plus massive.

Outre les annonces gouvernementales, des instituts de recherche et des entreprises se mobilisent afin d’anticiper une épidémie. Dans ce cadre, l’Institut Pasteur a annoncé lundi 19 août, via un communiqué : « Aujourd’hui, nous sommes prêts à tester et vacciner les patients à la demande des autorités. ». Il y a donc une anticipation de la part d’organismes indépendants, mais aussi de la part d’entreprises, comme Bavarian Nordic, fabricant danois de vaccins, qui a annoncé samedi 17 août que 10 millions de doses allaient être fabriquées d’ici la fin 2025, de quoi vacciner 5 millions de personnes. A titre de comparaison, cela permettrait de vacciner environ 1% de la population des pays membres de l’Union Européenne.

Ainsi, les politiques et certains organismes semblent vouloir anticiper une potentielle épidémie de variole du singe en Europe, et en France. En revanche, il reste de nombreux efforts à faire, notamment sur la vaccination, qui reste la prévention la plus efficace de la maladie.