Aller au contenu

C’est quoi le jour du dépassement, le sablier des ressources de la Terre ?

C’est quoi le jour du dépassement, le sablier des ressources de la Terre ?

C’est quoi le jour du dépassement, le sablier des ressources de la Terre ?

Seulement en novembre en 1984, 40 ans plus tard, le monde a utilisé toutes les ressources de la planète dès le 1er août et bascule dans un « déficit écologique ». Qu’est-ce que cela implique, alors que d’après la WWF il nous faudrait aujourd’hui l’équivalent de « 1,7 Terre » pour régénérer ce que l’humanité consomme en un an.

Un jour de plus en plus précoce

Définit par l’ONG américaine Global Footprint Network depuis 2006, le jour du dépassement correspond à la date à laquelle l’humanité a dépensé toutes les ressources naturelles que la Terre est capable de produire en un an. Depuis une semaine, l’humanité puise ainsi plus de ressources que ce que la planète ne peut produire et s’éloigne d’une perspective d’équilibre renouvelable.

S’appliquant depuis 1970, la date n’a fait que reculer, notamment entre 1990 et 2015 où elle a connu une augmentation exponentielle. Depuis, le curseur s’établit entre le 3 août et le 29 juillet sauf en 2020. La parenthèse du covid-19 a permis, le temps d’un instant, de réduire de 14% l’empreinte carbone de l’humanité, faisant miroiter un possible recul de cette date. Mais ce fut de courte durée puisqu’elle est passée du 29 septembre en 2020 au 29 juillet l’année suivante.

Que représentent ces « ressources de la Terre » ?

Calculées en comparant l’empreinte carbone de l’humanité à la bio capacité de la Terre, un grand nombre d’éléments se cachent dans cette division.

Pour ce calcul loin d’être évident, Global Footprint Network prend en compte 15 000 données scientifiques collectées par les Nations unies. Elles sont ensuite rapportées en « bio capacité » ce qui représente la quantité de ressources écologiques que la Terre est capable de générer.

Pourtant, de nombreux problèmes écologiques ne rentrent pas dans les calculs. La biodiversité, l’air, la pollution chimique ou encore la couche d’ozone n’ont par exemple pas par nature de quantité compensable par les écosystèmes ou ne sont pas couverts par des statistiques assez fiables.

Une date controversée ?

L’objectif de réunir en un chiffre toutes les utilisations de la nature n’est donc pas atteint et le jour du dépassement est très souvent contesté en raison de sa méthode de calcul et d’autant plus sachant qu’en réalité 60% du calcul de l’empreinte écologique repose sur le CO2. Finalement, en fonction des différentes méthodes de calcul, le jour varierait.

Le jour du dépassement est un très bon outil de communication qui a eu beaucoup d’impact au moment où il y avait besoin de relancer notre prise de conscience des dimensions finies de notre planète.

Aurélien Boutaud, coauteur de « L’empreinte écologique« 

En plus de cela, la date varie en fonction des différents pays, si la plupart des pays développés auraient besoin de plusieurs planètes comme les États-Unis ou l’Australie, ce n’est pas le cas pour des pays plus pauvres ou moins développés comme l’Inde.

Pourquoi ce jour ne cesse d’augmenter ?

Les émissions de gaz à effet de serre sont les responsables majeures de l’augmentation de l’empreinte carbone sur notre planète. Les émissions proviennent des gaz comme le méthane, le CO2, l’ozone ou des gaz industriels. L’épuisement des ressources est également dû à la surconsommation, qui impacte directement la biodiversité.

De nombreuses autres raisons sont à prendre en compte, notamment l’augmentation constante de la population mondiale ou l’importante consommation d’énergie en raison d’une grande utilisation des technologies.

Quant à la bio capacité, elle a fortement réduit notamment à cause de la déforestation massive de la forêt amazonienne, le poumon de l’humanité.

Peut-on annuler notre « dette écologique » ?

Bien que la « dette écologique » ne pourra jamais être totalement remboursée, il existe certains moyens pour réduire le jour du dépassement. À partir des hypothèses prévues pour 2050, il faudrait soit réduire la population à 2,5 milliards d’habitants, pour avoir un monde soutenable, soit baisser notre utilisation des ressources (donc notre niveau de vie) pour que la planète Terre puisse se régénérer.

Si à grande échelle, il paraît presque impossible de réduire le jour du dépassement, il est nécessaire de concentrer des efforts à petite échelle. Pour cela, il faut utiliser des modes de déplacement responsables et limiter les achats en ligne. 

Il faudrait également que l’humanité réduise le gaspillage de moitié, ce qui permettrait, d’après Global Footprint Network, de réduire de 11 jours la date fatidique. 

Il serait nécessaire de moins se chauffer car cela consomme des énergies polluantes, comme le gaz ou fioul dont la consommation entraine de fortes émissions en CO2. 

Enfin, manger moins de viande réduirait les émissions de gaz à effet de serre, puisque 14,5 % des émissions proviennent de l’élevage. En France, si chacun devenait végétarien ou flexitarien, l’empreinte carbone due à l’élevage baisserait de 44,5 %.