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Euro 2024 : Défaite des Bleus, qu’est-ce qu’il nous a manqué ?

Euro 2024 : Défaite des Bleus, qu’est-ce qu’il nous a manqué ?

Euro 2024 : Défaite des Bleus, qu’est-ce qu’il nous a manqué ?

Ce dimanche 14 juillet, jour de fête nationale, aura lieu la finale de l’Euro à Berlin sans nos Français, éliminés en demi-finale par l’Espagne.

Les Bleus sont arrivés à Clairefontaine (le centre d’entraînement de l’équipe nationale et des équipes jeunes) le 29 mai, soit deux semaines avant le début de l’Euro (du 14 juin au 14 juillet). La durée de préparation pour la compétition est donc plutôt courte, d’autant plus que certains joueurs importants ne sont arrivés qu’une semaine avant le début de la compétition, car ils avaient une finale de Ligue des Champions à jouer avec leur club. Moins d’une semaine avant leur premier match, le groupe est composé de joueurs blessés ou très fatigués par une saison longue et éprouvante. Malgré cela, le groupe affiche une très bonne cohésion, car la plupart se côtoient sous le maillot bleu depuis leur adolescence dans les catégories jeunes. Une des stratégies de Didier Deschamps est d’appeler régulièrement les mêmes joueurs afin de former un esprit de corps au sein du groupe. C’est un thème récurrent des journalistes de Football : il est en tant que sélectionneur un meilleur manager que entraîneur de terrain.

Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ?

Le problème de cette équipe est qu’elle n’est pas adaptée au style de jeu de Didier Deschamps. Le sélectionneur a exactement la même tactique qu’en 2018, lorsque nous sommes devenus champions du monde. Cependant, les joueurs ne sont pas tous les mêmes et ils n’ont plus le même âge, ce qui affecte la fraîcheur physique des cadres de l’équipe. Prenons l’exemple de Marcus Thuram, qui a été titulaire une grande partie de l’Euro et même lors des matchs de préparation. Didier Deschamps essaie d’en faire une nouvelle version d’Olivier Giroud, qui était la base de l’attaque championne du monde. Mais force est de constater que ce n’est pas du tout le même style de joueur. Thuram met moins d’impact sur les défenseurs adverses, ce qui permet à ces derniers de bloquer plus facilement les flèches que sont K. Mbappé et O. Dembélé. Mais tout n’est pas non plus à jeter. Quelques bonnes choses ont pu être aperçues, mais malheureusement, on sent que cela repose trop souvent sur des exploits individuels plutôt que sur une réelle stratégie. Ces occasions n’ont jamais trouvé le cadre. Les statistiques sont sans appel : Kylian Mbappé est le joueur ayant le plus tiré au cours de l’Euro, avec seulement un but marqué, sur penalty. Au milieu de terrain, les joueurs ont semblé plus perdus qu’autre chose, avec de nombreuses courses inutiles et des placements hasardeux. Un manque de consignes claires obligeait les joueurs à se reposer uniquement sur leurs capacités physiques et techniques pour s’en sortir. Du côté de la défense, celle-ci a été très bonne comme à son habitude, manoeuvrant très bien les offensives adverses. Le peu d’attaques adverses qui nous ont franchi ont été stoppées par un Mike Maignan exceptionnel dans ses buts.

La vraie différence est que les équipes adverses se sont adaptées au fil du temps au jeu des Bleus. Elles ont compris qu’en défendant en bloc très bas sur le terrain, elles bloquaient facilement les appels en profondeur de nos ailiers. Cela change tout, car nous avons également perdu les talents de passeur d’Antoine Griezmann, redescendu beaucoup plus bas dans le jeu, et surtout de Paul Pogba, qui était doté d’une vision et d’une qualité de passe exceptionnelles. Les adversaires se sont adaptés, mais pas le jeu de notre équipe. C’est à ce moment-là que l’on se rend compte du manque cruel de tactique, de combinaisons de jeu et de stratégie de notre équipe. Lors de notre demi-finale, cela a été d’autant plus flagrant. Une erreur de placement des espagnoles a été punie par le but de la tête de Kolo Muani. Les adversaires ont rectifié leur bloc, ont marqué deux buts extraordinaires, et nos Bleus n’ont plus été réellement dangereux. Le parallèle avec le jeu espagnol était aussi flagrant : dans la simplicité et la rapidité de jeu, ils semblaient jouer les yeux fermés, sachant en permanence où se trouvait un coéquipier, une leçon tactique.

Un dernier point à souligner est le trop peu de changements effectués à chaque match. Ils sont au nombre de cinq par match, mais seulement en moyenne trois étaient effectués. Il y avait de nombreux joueurs frais à faire jouer pour soulager d’autres déjà exténués. Les changements étaient faits trop tard, à l’image d’Olivier Giroud qui n’a pas pu entrer en jeu pour la séance de penalty.

Kylian Mbappé lors de la Coupe du Monde 2022 par Hossein Zohrevand sur Wikipédia

Deschamps, on a fait le tour ?

Sur nos réseaux sociaux, nous vous avons posé la question et une majorité d’entre vous aimerait qu’il passe la main pour voir souffler un vent frais à la tête de la sélection nationale, notamment car un certain Zinedine Zidane attendrait sagement son tour. En dehors de cela, Didier Deschamps, l’excellent manager, a semblé pour la première fois perdre l’unité au sein de son groupe. Antoine Griezmann est frustré de devoir changer de poste à chaque match, et Coman (28 ans) songe déjà à sa retraite internationale, déçu de ne pas avoir eu l’opportunité de montrer son talent. Assez rare, mais lors de la défaite, nous avons vu un soutien assez faible de la part du banc des remplaçants, montrant que l’unité s’était détériorée.

Le sélectionneur n’est pas un adepte du conflit avec les supporters des Bleus, mais cette fois-ci, il a fait des déclarations houleuses comme « si le jeu ne vous plaît pas, vous pouvez zapper de chaîne ». Le résultat du style de jeu combiné au jeu de l’équipe a entraîné une chute de 4 millions de téléspectateurs pour les Bleus.

Cependant, les débats sont d’ores et déjà clos. Le président de la fédération, Philippe Diallo, a bien précisé que l’objectif des demi-finales était rempli et qu’il n’avait donc aucune raison de résilier le contrat de Didier Deschamps, se terminant à l’issue de la Coupe du Monde 2026.

Photo prise par Кирилл Венедиктов sur Wikipedia