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Les consignes de vote ont-elles encore une pertinence aujourd’hui ?

Les consignes de vote ont-elles encore une pertinence aujourd’hui ?

Les consignes de vote ont-elles encore une pertinence aujourd’hui ?

Après un premier tour de scrutin, les consignes de vote se multiplient, « barrage à l’extrême droite », « vote ni à gauche ni à droite », les Français reçoivent de toutes parts ces recommandations sur ce qui’ils devraient voter ou non. Mais aujourd’hui, les consignes de vote semblent être de moins en moins suivies par les électeurs.

Une pratique vouée à disparaître ?

À l’heure des législatives, avant même le premier tour, un sondage Elabe montrait que trois français sur quatre affirmaient qu’ils n’avaient pas l’intention de suivre les consignes de vote de leur parti. L’institut notait également que si leur candidat arrivait en 3e position, « la majorité des électeurs des trois principales coalitions refuserait qu’il se retire pour « faire barrage » ». Les électeurs souhaitent aujourd’hui avoir un réel contrôle sur leur choix de vote.

C’est une tendance lourde : les électeurs sont de plus en plus indépendants et ne se sentent pas affiliés à un parti, ils ont du mal à suivre les consignes venues des états-majors

Frédéric Dabi, directeur du pôle opinion de l’Ifop

Cette tendance s’illustre plus largement par la volatilité électorale qui ne cesse de s’accroître. Aujourd’hui, il y a une possibilité de plus en plus forte que les électeurs modifient leurs préférences politiques ou leur vote d’une échéance électorale à l’autre. Les électeurs sont donc de plus en plus indépendants face au vote et ils suivent ainsi de moins en moins les consignes de vote. Vincent Tiberj, professeur à Sciences-Po Bordeaux et spécialiste des comportements électoraux disait même que le principe des consignes de vote « renvoie à une culture politique en train de disparaître ».

Des consignes parfois utiles

Depuis les résultats du premier tour à l’avantage du Rassemblement national, une seule consigne relie le camp présidentiel et le Nouveau Front Populaire, « faire barrage à l’extrême droite ». 

D’après Philippe Moreau-Chevrolet, spécialiste de communication politique et professeur à Sciences-Po les consignes dictées par les partis sont utiles car « elles servent à déclencher ou freiner une dynamique dans l’entre-deux-tours ». La mise en place de ce point de convergence du centre et de la gauche autour du « tout sauf le RN » peut ainsi devenir « un argument très mobilisateur pour un électeur de gauche, mais aussi du centre » affirme le spécialiste.

Et pourtant en déclin 

Sur Franceinfo, le politologue spécialiste du comportement électoral, Martial Foucault énonce que lorsqu’il y a une consigne de vote claire comme l’exemple du « barrage à l’extrême droite », cela a toujours fonctionné sur les électeurs. Lors des élections législatives de 1997 puis des élections présidentielles de 2002, le Rassemblement national a toujours été battu.

Cependant, « si la consigne de vote n’est pas homogène et alignée, elle ne produit pas l’effet escompté : certains électeurs s’en affranchissent ». C’est justement ce qui se produit aujourd’hui où l’efficacité des consignes de vote a été fragilisée notamment par l’apparition de la consigne du « ni-ni », très utilisée par le camp présidentiel.

Une lassitude évidente du vote « contre » 

Depuis le second tour de l’élection présidentielle de 2017, les électeurs sont pour la plupart, désabusés d’être appelé à voter contre Marine Le Pen. À force d’être appelé, non pas à « élire mais à « désélir » », un grand nombre d’entre eux sont prêts à voter blanc ou même à s’abstenir.

En amont du premier tour, le camp Macron s’est tiré une balle dans le pied en diabolisant l’adversaire qu’est LFI autant que le RN

Philippe Corcuff, politologue et professeur à Sciences po Lyon

Ainsi, dimanche prochain, pour le dernier tour de scrutin, les votes risquent d’être marqués par la baisse de la participation dans les circonscriptions où un candidat s’est désisté, ce qui marque, l’inefficacité croissante des consignes de vote.

Affaire à suivre…